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发表于 2011-8-5 20:30 · 福建
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GREVE : ? S'il faut remettre ?a, on le fera ?
? NOUS avons été dignes. ? Paulo Pereira, 30 ans, est aiguilleur auterminus de la ligne 9 du métro parisien. Il fait partie des plus ? remontés ? contre la réforme.Lundi, après dix jours de grève, ce chef de manoeuvre-aiguilleur - en bout de ligne - à la RATP,a repris, comme ses collègues, le travail. Amer. Mais ? fier ?. ? Avec les cheminots, on a étéles premiers à s'opposer à Sarkozy depuis son élection ?, sourit ce jeune père d'une petitefille de 3 ans, marié à une fonctionnaire. Avec ses fines lunettes, ses mots bien pesés, onle prendrait aisément pour un employé sage. Erreur, Paulo, délégué CGT, a été l'un des 14 élusdu comité de grève du terminus ouest, porte de Saint-Cloud, qui s'est mis en place dans cettedeuxième plus grande gare du réseau de la RATP, après celle de Bobigny. Un convaincu de la premièreheure. ? Dès le 18 octobre, on a su qu'il fallait y aller. J'avais fait nos calculs. Avec 41annuités et un salaire de 2 200 ? brut en fin de carrière, je vais tomber à 800 ? de pensionau lieu de 1 400 ?. C'est pire pour les collègues qui sont entrés tard après avoir travaillédans le privé. ?? On s'est fait insultermais aussi applaudiret pas que du c?tédeMontreuil ?Cette grève, il s'en souviendra longtemps. Réveil à 4 h 30, piquet, tracts,compte rendus, assemblée générale, coucher à 23 heures, et ce, pendant dix jours. Vendredi,quand il a compris que le conflit était terminé, il n'a pas accepté de voter la reprise du travail.Hors de question. ? On nous dit qu'il y a eu des pas de faits, moi, je ne les vois pas. Ce délaid'un mois de discussion c'est pour nous endormir. ? Paulo n'a pas compris le patron de ? son? syndicat, Bernard Thibault. ? Oui, je suis dé?u. Un secrétaire général doit soutenir sa base.Il ne l'a pas fait. Dans mon coin, la CGT, c'est moi et mes copains. On ne la quittera pas pourcela. On a même fait une adhésion durant le mouvement de grève. ?Paulo, unjusqu'au-boutiste ? C'est par hasard que ce fils d'immigré portugais est entré à la RATP à 21ans. Son père était ouvrier dans le batiment, fils d'un tailleur de pierre. ? Il est de la régiondu Minho (NDLR : près de Braga, nord du Portugal) et n'a pas connu la faim à l'inverse de mamère originaire de l'Alentejo. Il est arrivé en France au milieu des années 1960. Ses parentsse sont sacrifiés pour lui et l'ont fait passer en France afin qu'il évite d'être enr?lé dansl'armée pour l'Angola. Il a vécu dans les bidonvilles du Val-de-Marne. Il a travaillé longtempspour une société du groupe Eiffage. Puis s'est fait licencier à 55 ans. Socialement, ?a l'atué ?, raconte-t-il tout en retenue. Un bac pro - logistique transport - en poche, Paulo parten quête d'un emploi. ? J'ai fait chauffeur-livreur pendant un an et demi. Finalement, j'aifrappé à la porte de la SNCF et de la RATP. Là, on m'a pris comme aiguilleur. Je ne savais mêmepas qu'en y entrant, les agents d'exploitation comme moi avaient droit à la retraite à 50 ans.Ce sont les recruteurs qui nous l'ont expliqué en soulignant que c'était la contrepartie dessix jours de travail sur sept et de nos horaires décalés par rapport à la vie de famille. Laretraite à 50 ans, ?a faisait partie du contrat. ?? Je veux bien qu'ondiscutede la retraiteà 65 ans, à conditionqu'on ne vire pasles gens à 50 ans ?Levoilà affecté à la ligne 9, Pont-de-Sèvres - Mairie-de-Montreuil. L'une des plus dures du réseausur le plan syndical : 700 agents, dont 30 % de syndiqués à la conduite et à la manoeuvre et10 % chez les guichetiers. Un condensé de Paris sur ? 19,5 km en cinquante-cinq minutes ?. Al'ouest, les lodens et tailleurs chics des beaux quartiers, du c?té de l'Opéra, les touristeset leurs appareils photo, et vers l'est, les jeans plus usés et les sacs de courses pleins àcraquer. ? C'est s?r que, pendant la grève, on n'a pas été soutenus de la même fa?on d'un boutà l'autre de la ligne. On s'est fait insulter mais aussi applaudir et pas que du c?té de Montreuil.A 5 h 10, quand je prends mon service, porte de Saint-Cloud, il y a beaucoup de personnes simplesdans les rames. Le nombre de fois où on a entendu : Tenez-bon les gars, ?a fait chaud au coeur...Notre mouvement est tout sauf catégoriel. C'est facile de nous traiter de nantis. On nous ditqu'il faut faire des sacrifices mais ceux qui décident n'en font pas. Sarko ne s'est pas gêné,lui, pour s'octroyer une hausse de salaire de 200 %. ?Paulo n'en veut pas aux usagers en colère.Mais... ? Les usagers, ce sont aussi mes voisins, mes parents qui ont besoin de se déplacer etn'ont pas le permis de conduire. Ma femme, elle aussi, a été gênée ?, remarque-t-il et d'insister: ? Ce que les gens du privé ne comprennent pas, c'est qu'on leur sert aussi de rempart. Unefois les régimes spéciaux des retraites supprimés, il n'y aura plus d'obstacle pour rallongerà 41 ou 42 annuités les retraites dans le privé. Je veux bien qu'on discute de la retraite à65 ans, à condition qu'on ne vire pas les gens à 50 ans. Les gens n'intègrent pas le monde dutravail avant 30 ans. Alors, on les fait comment les 42 annuités ? ? Pendant la grève, son père,64 ans, l'a appelé : ? Il faut pas reculer ?, lui a-t-il dit. Paulo n'a pas oublié. Le retraitde la réforme, il y croit encore. ? Je vais sans doute y laisser la moitié de ma paie, maisbon, s'il faut remettre ?a, on le fera. Les patates et les pates, ?a marche toujours... ? |
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